22 mai 2013, USA, Floride, Lake Worth High School ✽ Les grandes vacances approchent, tu es impatiente. Vivement que les cours se terminent, que tu n'aies plus à supporter tous ces profs vaseux qui se croient passionnants, et vivement que tu ne vois plus la tête des dégénérés qui te servent de camarde. Oh, des amis tu en as, certes. Mais en nombre restreint. Disons que tu as du mal à t'intégrer dans un groupe, et que même si tu sais à merveille jouer la fille sociable, tu n'en penses pas moins. Tu es en sueur, c'est parce que cela fait vingt minutes que tu t'entraînes pour les derniers matchs de la saison. Ton short de sport est bien court, mais personne n'est là pour admirer tes belles jambes. Tu as retroussé les manches de ton t-shirt tant tu as chaud, et tes cheveux sont tirés en arrière en une queue de cheval faite à la va-vite. Tu enchaînes les exercices : tu fais des tours de terrain, tu sprint, tu lèves tes genoux, tu slalom, tu te fais des passes seule contre un mur. Aujourd'hui, tu es déchaînée, et tu as de l'énergie à revendre. Tu as l'impression que rien ne pourrait t'épuiser, pourtant tu sens déjà que tes poumons te réclament de l'air, et que ta gorge ne rêve que d'une chose : que tu te décides un boire un grand verre d'eau. Tu fais un dernier tour de terrain en te donnant à fond : tu ne penses à rien, ton esprit est vide et se concentre juste sur tes jambes élancées, leur demandant de courir le plus vite possible. Finalement, à la ligne d'arrivée, tu t'effondres au sol, essoufflée comme rarement tu l'as été, les yeux dans le vague fixés sur le ciel. Tu es seule, et heureusement personne n'est là pour voir la sueur qui perle sur tous tes membres. Enfin, c'est ce que tu crois, jusqu'au moment où plusieurs claquement retentissent. Tu tournes la tête, arquant un sourcil, et c'est là que tu l'aperçois, à l'entrée du terrain, entrain de t'applaudir. Il est torse nu, tu supposes donc qu'il sort de l'entraînement, néanmoins tu ne peux t'empêcher de penser qu'il a fait exprès de venir à moitié à poil juste pour te faire chier. Est-ce que ça fait longtemps qu'il est là ? « Pas mal. Pas mal du tout même. Te voir te donner à fond comme ça, rrr... ça fait envie. » Ce qu'il peut être con. Tu te relèves sans montrer la douleur qui cisaille tes membres, croises les bras sur ta poitrine, et lèves les yeux au ciel. « Fous-moi la paix Teddy, j'ai autre chose à faire. » Tu n'as envie que d'une chose : qu'il tourne les talons, et qu'il reparte d'où il vient, mais tu sais que les choses ne sont pas aussi simples. Comme pour confirmer tes pensées, il s'avance vers toi, son sourire agaçant toujours collé aux lèvres. Il est beau, c'est vrai. Pas de doute là-dessus. Et son torse nu n'est pas pour te déplaire. Mais c'est surtout le plus gros frimeur de tout le lycée, coucher avec lui entacherait clairement ta réputation de gamine irréprochable. Parfois, tu te demandes pourquoi tu mises tout sur les apparences, et puis tu te souviens que c'est ce que tu as toujours fais. « C'est bon à savoir que tu peux courir autant sans te fatiguer. L'endurance, ça peut servir parfois pour... enfin tu vois quoi. » lâche-t-il le plus sérieusement du monde. Il se fout de ma gueule là ? Il se rapproche encore plus de toi, te provoque, mais tu ne réagis pas. Tu restes immobiles, le fixant droit dans les yeux. « T'es vraiment con. » Tu t'attendais à le voir encore sourire de façon arrogante, mais sa réaction est toute autre. Il te chope par la taille, et t'attire sans douceur contre lui. Gosh, c'qu'il est sexy quand il fait un truc pareil. Vos visages sont à seulement quelques centimètres, mais ils ne se touchent pas. Tu sens sa main fermement agrippée à ta hanche qui t'empêche de bouger. Tu ne dis pas un mot, mais te contente de le fusiller du regard. Il approche ses lèvres de ton oreille, et effleure ta peau. Tu frissonnes. « Je sais que tu caches un truc. Je sais que t'es pas aussi coincée que t'en as l'air. Je sais aussi que tu meurs d'envie de me sauter dessus, tu te mens juste à toi-même. En tout cas, moi, je rêve de t'arracher tes fringues. Mais j'le ferais pas, et tu sais pourquoi ? Pas parce que je suis un gentleman, non sûrement pas. Parce que bientôt, c'est toi qui m'arrachera les miennes. C'est toi qui me suppliera de te faire du bien, et à ce moment là, et seulement à ce moment là, j'aurais gagné. » Il s'écarte, et tu repenses enfin à faire rentrer l'air dans tes poumons. Ta respiration est haletante. Il te fixe quelques secondes, un sourire en coin presque pervers aux lèvres, et il se décide enfin à partir. « See you Kamilla. » Tu es encore choquée de ce qui vient de se passer. Le mec que tu détestes le plus au monde était à deux doigts de te violer, mais le pire dans tout ça... c'est qu'il a vu clair dans ton petit jeu.