« Ne me déçois pas, je veux que tu aies un aussi beau parcours que ton frère. », « Je ne l’ai jamais vu ! Arrête de me parler de lui. » Ces discussions se répétaient occasionnellement durant presque tout mon parcours scolaire. Ma maman me parlait sans cesse de ce frère fantôme, ou devrais-je dire ces frères fantômes. Ayant un père très âgé, je me doutais bien qu’il allait avoir une vie avant que je ne naisse, mais découvrir assez jeune qu’il menait une double vie a été plutôt.. bizarre. Surtout découvrir que ma maman n’y voyait aucun inconvénient me choquait encore plus. Cette femme qui devait me servir d’exemple, est plutôt très matérialiste, lorsqu’elle est sûre d’avoir une certaine sécurité financière, et de ne pas avoir à se soucier de quoique ce soit, parce que mon père, cet homme volage avait énormément d’argent à dépenser, tout ce luxe dans lequel on vivait la faisait donc taire. Etant petite, cette situation me dépassait énormément, je ne savais pas vraiment ce que cela voulait dire. Je suis née à Jacksonville en Floride, mon père avait à l’époque presque cinquante ans et déjà quelques enfants qui vivent en Europe. Il n’était même pas divorcé de son ancienne femme mais déjà marié à ma maman, je vous l’accorde, ceci est illégale, mais ce sont leurs affaires après tout, je ne m’en souciais pas vraiment étant jeune. Je vivais donc dans mon petit monde de fille surprotégée, un monde merveilleux, dans lequel je me voyais en grande héroïne, très célèbre et admirée de tous. C’est à cet époque là que mon égocentrisme s’est énormément développé, j’étais extrêmement capricieuse et je pouvais tout me permettre. Je n'ai jamais vraiment été très polie spécialement lorsque je me montrais en public, mes parents galéraient donc bien souvent avec mon caractère un peu incontrôlable.

Lorsque je suis entrée dans ma période d’adolescence, ma vision du monde a été chamboulé, j’ai commencé à réaliser certaines choses, à déprimer aussi. Ce n’était pas du tout facile, et je me suis encore plus rebellé, j’en avais marre de les voir faire semblant et de cacher la double vie de mon père, alors je ne parlais pas à grand monde, je ne souriais pas beaucoup, je me contentais d’être moi-même, et d’exprimer ce qu’il y’avait au fond de moi, c'est-à-dire, le néant. Ma dépression avait même atteint un certain niveau, au point de vouloir en finir, d’avoir des idées suicidaires. Puis vint ensuite un événement qui m’a traumatisé. « Toi, tu m'donnes le fric qu'il y a dans la caisse ou j't'explose la cervelle! » J’étais partie tranquillement acheter du cornflakes parce qu’il en manquait, je n’avais pas pour habitude d’y aller seule, j’avais à peine douze ans, mais je voulais commencer à me débrouiller seule. Je l’avais vraiment regretté par la suite, car l’épicerie a été attaquée par des hommes cagoulés et surtout armés. Je me cachais derrière un rayon, j’étais extrêmement traumatisée, j’en tremble à chaque fois que j’y repense. Je pensais mourir à ce moment là. Je regardais autour de moi, des personnes allongées au sol, sur leur ventre, ils étaient terrifiés, et me communiquaient bien leur peur, j’étais horrifiée, je ne voulais pas mourir. Des policiers avaient donc tentés d’entrer, et c’est à ce moment là que ça a dégénéré, une fusillade a eu lieu. Trois personnes sont mortes, je n’ai pas été blessée, j’étais bien cachée, mais ma psychologie a été bien chamboulée. Je tombais dans une profonde dépression. Je n’étais soudainement plus du tout dans ce beau monde que je m’étais imaginée. . Ma réalité avait changé, je me suis donc recroquevillée sur moi-même durant une bonne période de ma vie. J'ai après ça complètement dérapé, pour m'orienter vers ma passion : l'art. Je me laisse aussi aller, en prenant toute sorte de substances illicites histoire de m'oublier et de tomber dans un autre monde que celui dans lequel on vit. Cela doit faire maintenant 13 ans que j'ai quitté Jacksonville pour vivre à Lake Worth.