Le lien qui nous unit est le plus fort

Je la connais depuis... depuis que je suis né en fait. Elle a toujours fais partie de ma vie, je la vois mal la quitter. On a grandi ensemble, on a mûri ensemble (enfin elle plus que moi, soyons honnête). On avait nos trucs, nos expressions et nos habitudes que personne d'autre ne pouvait comprendre. On avait notre monde à nous, rien qu'à nous. On a grandi et on s'est affirmé, on s'est ouvert au monde, on a laissé rentrer d'autres gens mais il était hors de question que les choses changent entre nous. On avait des raisons différentes de vivre ou de survivre, des passions différentes, des occupations différents, des amis différents. Il arrivait qu'on ait du mal à se comprendre mais ça a toujours été toi ma priorité, toi et ma famille.

Un jour, on avait quoi 15 ans ? Elle a juste demandé: on le fait ? On était posé sur mon lit, moi en train de lire et elle, elle avait le regard perdu par la fenêtre. Et pourtant, quand elle a posé ses yeux, quand elle a posé ses lèvres sur les miennes, ça m'a juste semblé tellement naturel qu'on l'a fais. J'ai été sa première fois autant qu'elle avait été la mienne. On avait appris la vie tous les deux, à marcher, à lire, à écrire, à embrasser alors c'était naturel qu'elle soit la première pour ça aussi. C'était pas bizarre du tout pour moi. On avait franchi un nouveau degré d'intimité mais on a jamais réussi à franchir l'étape supérieur. Elle avait ouvert un gouffre en moi, un manque profond alors je me suis mis à coucher avec n'importe qui, n'importe qui tant que ce n'était pas elle. Mais personne pouvait combler ce manque comme elle. Ca me foutait la trouille, il était trop pur et intouchable pour que je remette ça, ça me rendait dingue. Mais si moi je l'avais pas, personne ne l'aurait. J'ai jamais supporté que personne l'approche et c'était plutôt réciproque. J'ai eu le droit à des scènes de ménage épique. Elle a saboté autant de plan qu'elle a pu et je l'ai pas épargné non plus. En même temps, elle faisait ça pour me rendre dingue, je le savais bien.

Elle a peur quand je deale, elle a peur quand je me bats, elle a peur sans arrêt pour moi mais quand elle a peur, elle grimpe dans ma chambre par l'escalier de secours et elle vient se blottir dans mes bras. Dès qu'il y a de l'orage elle rappliquer, dès qu'elle doute d'elle, elle rapplique, quand j'ai besoin d'elle, elle rapplique aussi. Quand il faut me botter le cul, elle le fait aussi. Elle est toujours là, toujours. Pour toujours.