Une goutte de sueur se perdit dans l’immensité verdoyante du terrain de football américain. Ils s’entraînaient depuis bientôt deux heures, et les mêlées ne cessaient de s’entrechoquer au vu de la stratégie mise en place par le coach. Ils se bourraient dedans, s’écrasaient, luttaient les uns contre les autres. Le ballon vola dans les airs pour atterrir dans les mains de Teddy. Il se contenta de courir, évitant habilement ses coéquipiers, qui, aujourd’hui, faisaient office d’adversaires. Ils s’échouaient les uns après les autres de façon lamentable sur la pelouse, alors qu’il balança brutalement le ballon derrière la ligne. C’était fini. Un coup de sifflet retentit et tous se rassemblèrent pour une mise au point. S’ils firent un effort de concentration afin d’écouter encore quelques secondes, les footballeurs se dissipèrent tous pour rejoindre les vestiaires.
Teddy se planta devant son casier, se débarrassant de son équipement. Il s’essuya le visage avec une serviette blanche, et prépara ses affaires avant d’aller prendre une bonne douche. Ca lui avait pris une dizaine de minutes, et il avait fini par enfiler ses vêtements. Il avait toujours ce même rituel chaque semaine, à chaque entraînement qu’il avait et qu’il ne daignait rater pour rien au monde. Même une bombasse n’aurait pu su le lui faire manquer. Ponctualité, détermination et motivation étaient trois maîtres mots qui avaient un rôle important à jouer. Sa volonté était toute faite. Le football américain était sa vie. C’était sa passion. Là où il avait sa place, là où étaient ses amis. Rien d’autre n’avait d’importance hormis le jeu et le travail d’équipe impressionnant qu’il était capable d’accomplir.

L’entraînement de l’équipe féminine de volleyball n’allait pas tarder à démarrer. Il se dirigea alors vers le terrain adéquat, sachant pertinemment qu’il allait croiser les deux sœurs Lewinski. Il n’eût pas même besoin de s’approcher pour se rendre compte que la cadette n’était pas encore là, et il en saisit l’opportunité. Il se rendit donc dans les vestiaires des filles, en voyant quelques-unes se presser de le quitter pour rejoindre leur entraînement. Il ne devait plus y avoir grand monde, voire même plus personne. Ou presque. Il devait au moins y rester Kamilla. Le jeune homme, avec toute la discrétion dont il était doté, fit irruption dans la pièce, qu’il n’eût aucun mal à trouver. Là, au milieu de toutes ces affaires éparpillées, Kamilla s’efforçait de balancer les siennes sur le sol. Il ne comprenait pas ce qu’elle faisait, et avait toujours eu tendance à la penser folle. Un pas, deux pas, trois pas. Il s’approcha d’elle, l’observant un avec sourire narquois au visage. « Ouh. T’as décidé de faire un striptease ? » Lui balança-t-il. Il ponctua sa phrase par un léger sourire, alors que son regard céladon ne la quittait pas des yeux. Il en profita pour admirer toutes ses courbes très bien marquées par son short et son soutien-gorge en brassière. Dire qu’il admirait la vue était un véritable euphémisme au vu de son regard insistant sur les formes de sa silhouette peu vêtue.

« Mais... tu... » Elle était clairement déstabilisée par sa présence dans les vestiaires. Quoi que plus normal ? Il avait toujours eu le don de surprendre par son côté imprévisible. Personne ne pouvait tout contrôler, car ça dépendait toujours des paroles, des gestes, des actions d'autrui. Teddy l'avait bien compris, et avait surtout pris conscience du fait que ça rendait le jeu plus amusant. Un jeu ? Sa vie entière était un jeu. Il en était le seul et unique pion, manipulé par le destin. Il en profitait. Il profitait tant qu'il le pouvait, se lançant des défis dont la petite Lewinski faisait partie. Le jeune homme savait qu'il n'avait rien à faire dans le vestiaire des filles, d'autant plus que ça pouvait paraître louche qu'ils ne soient que tous les deux. N'en était-ce pas plus excitant ? L'adrénaline montait. Tout comme l'envie. C'était elle qu'il voulait, et pas une autre. Il était prêt à tout pour ça, qu'importaient les conséquences. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Elle croisa les bras lorsqu'elle sembla remarquer qu'elle n'était qu'en soutien-gorge. Teddy arqua un sourcil, esquissant un demi-sourire amusé par sa réaction. Il se doutait bien qu'elle cachait quelque chose, au vu du temps qu'elle avait mis à réagir quant à sa tenue. Elle l'observa alors, se dirigeant vers un autre casier. « Je suis venu faire du sport. » Lui répondit-il en appuyant sur le dernier mot. Phrase bourrée de sous-entendus. Il savait qu'elle n'aurait aucun mal à les comprendre. Il s'approcha alors d'elle avec lenteur, ne quittant pas ses prunelles sombres. Un pas, un deuxième pas... Il réduisait toujours plus la distance qui les séparait.